Cet été, le gouvernement dévoilait sa déclaration de politique communautaire dans laquelle un long volet est dédié à l’enseignement obligatoire et plus particulièrement à la revalorisation des filières qualifiantes. Si les intentions semblent louables, elles ont toutefois attisé notre méfiance.

A l’instar de nombreux pays européens, la nouvelle majorité souhaite que les programmes scolaires soient plus en adéquation avec les réalités du marché. Le discours est rôdé : s’il y a autant de chômage chez les jeunes, c’est parce que la formation n’est pas adapté au monde de l’entreprise. Il faut donc renforcer les ponts entre les 2 secteurs afin de mieux coller aux exigences du marché.

S’il est indéniable que les filières professionnelles et techniques doivent être valorisées au même titre que l’enseignement général, pour le CEF cela ne passe pas par la marchandisation de l’éducation. L’école ne doit pas devenir une petite entreprise qui fonctionne selon des codes de rentabilité et de compétitivité. Elle doit rester indépendante dans ses choix et évoluer en dehors de toute contrainte économique. On ne peut attendre d’elle qu’elle transmette uniquement des compétences adaptables au marché du travail, au détriment d’autres matières tout aussi importantes pour le développement des jeunes. Chaque élève doit recevoir un savoir complet qui lui permettra de comprendre au mieux la société dans laquelle il évolue.

Logan Verhoeven, président du CEF ajoute : « De nombreuses initiatives veulent soutenir et développer les capacités d’entrepreneuriat et de leadership chez les plus jeunes. Or le rôle premier de l’école n’est pas, de préparer les élèves à trouver un emploi mais bien d’en faire de futurs citoyens critiques, solidaires et responsables. Il s’agit d’ailleurs d’un des buts du décret missions ».

De plus, nous tenons à tirer la sonnette d’alarme : le secteur marchand exigera à terme un retour sur investissements. Permettre aux entreprises de s’ingérer dans les programmes scolaires risque bien de donner lieu à de nombreuses dérives : publicité cachée, main d’oeuvre gratuite pour effectuer les basses besognes, formation dispensée par certaines enseignes peu transposable à d’autres sociétés,…

Pour le CEF, la manière la plus efficace de revaloriser l’enseignement professionnel et technique est l’instauration jusque 16 ans d’un véritable tronc commun, dans lequel les cours polytechniques auraient leur place. En effet, si dès le plus jeune âge, les enfants suivaient au même titre, cours traditionnels et cours plus manuels, comme c’est le cas en Finlande par exemple, ils pourraient, en tout connaissance de cause, choisir en temps voulu, le métier qui leur convient. Toutes les professions et toutes les formes d’intelligence seraient ainsi valorisées. Ce qui permettrait à moyen terme d’enrayer la pénurie de main d’oeuvre qualifiée.

Faire face au chômage croissant est, sans conteste, un des défis majeurs de notre époque. Et pour ce faire, il est important que chaque élève soit préparé à trouver sa place dans la vie économique et sociale. Toutefois, on ne peut voir en l’enseignement une quelconque valeur marchande. Pactiser avec les sociétés privées est un calcul à court terme dangereux. La jeunesse ne veut pas d’une société basée sur l’individualisme et la concurrence !

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