Lundi 16 mars, toutes les écoles belges ont fermé leurs portes en raison de la crise sanitaire du Covid-19 qui frappe notre pays, et le monde entier, depuis plusieurs semaines maintenant.

Cette situation inédite nécessite des adaptations et des réponses rapides en termes d’organisation de la scolarité. Le gouvernement a pour cela envoyé des consignes aux chef·fe·s d’établissements scolaires, qui entraient en vigueur dès le 17 mars. Le Comité des Élèves Francophones, syndicat des élèves du secondaire en FWB, a interrogé les élèves pour voir si ces directives sont effectivement respectées, et dans quelle mesure. Voici, ci-dessous, une synthèse de nos résultats.

Profil des élèves

Au total, 1 139 élèves de l’enseignement secondaire en ont répondu à un sondage en ligne, entre le 20 et le 25 mars 2020, sur la continuité de l’apprentissage à la maison. Cet échantillon diversifié permet d’aboutir à des résultats représentatifs. 309 écoles différentes sont représentées, soit 60% du réseau scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les élèves interrogé-es proviennent majoritairement d’écoles de l’enseignement libre confessionnel (63%) et officiel (36%), et 60,5% d’entre eux sont inscrit-es dans le troisième degré secondaire (32,5% second degré, 7% premier degré).

Respect de la circulaire n°7515

Le but du sondage réalisé est, rappelons-le, de voir dans quelle mesure les consignes envoyées par le gouvernement aux établissements scolaires sont respectées. Reprenons donc ces mesures une à une, et confrontons-les aux réponses reçues de la part des élèves.

Tout d’abord, la circulaire n°7515 autorise le travail à domicile, mais uniquement sous la forme d’exercices de remédiation, de consolidation et de dépassement. Les nouveaux apprentissages sont donc formellement interdits. Qu’en disent les élèves ?

• 95% des élèves sondé-es reçoivent du travail à domicile.

• Par contre, ils et elles sont 537 (soit 1 élève sur 2 environ) à recevoir de la nouvelle matière (uniquement, ou en plus des exercices de révisions) et ils et elles sont nombreux et nombreuses à ne pas s’en réjouir. La circulaire est pourtant très claire à ce sujet : “Les travaux ne peuvent en aucune manière porter sur des apprentissages qui n’ont pas été abordés préalablement en classe”, et ce, “dans un souci d’assurer une égalité devant les apprentissages”.

Dans cette même circulaire, il est stipulé que les travaux à domicile doivent rester exclusivement formatifs. Or :

• Même si la question n’était pas posée dans notre sondage, 17 élèves nous ont informé avoir des devoirs notés à rendre et/ou sont soumis à des interrogations cotées.

Enfin, il est également précisé que les travaux ne doivent être ni trop conséquents, ni chronophages. Cependant :

• 34% des élèves ne sont pas satisfait-es du travail reçu à domicile et expliquent principalement leur mécontentement par le fait qu’ils et elles reçoivent beaucoup trop de travail (mentionné à 94 reprises). Vient ensuite le fait que ces travaux ne sont pas accompagnés d’explications suffisamment claires et compréhensibles (mentionné 68 fois).

Il est également important de souligner les résultats positifs. Nous avons tout de même 66% des élèves qui se disent satisfait-es du travail reçu à domicile. Ces dernier-es ont mis différents points en avant pour expliquer leur contentement. Parmi les plus mentionnés, nous retrouvons : “cela permet de garder le rythme, de ne pas oublier la matière” ; “il s’agit principalement d’exercices de révision” ; “cela permet de ne pas s’ennuyer”. Ils sont également nombreux à apprécier l’utilisation de supports numériques variés ainsi que la disponibilité dont leurs enseignant·e·s font preuve afin de répondre à leurs questions.

Inégalités face au travail à domicile

Les sorties de presse de ces derniers jours vont dans ce sens mais, il nous semble incontournable de rappeler les évidentes inégalités entre élèves face au travail à domicile. En effet, 3 élèves sur 4 reçoivent leurs exercices via une plateforme numérique. La circulaire précise qu’il est indispensable, dans ce cas, de s’assurer que tous les élèves peuvent y accéder. Or, plusieurs élèves interrogé-es ont expliqué qu’ils et elles ne disposaient pas de l’équipement nécessaire (ordinateur, tablette, imprimante, scanner,…) et se retrouvent pénalisés.

Certain-es élèves se retrouvent également seul-es face à leurs exercices (pas de parents compétents ou disponibles pour les accompagner) ou à l’inverse, dans une famille nombreuse où il devient difficile de s’isoler pour travailler de manière optimale.

Les inégalités se renforcent également là où elles étaient déjà présentes à l’école. C’est ainsi que des élèves à besoins spécifiques se retrouvent doublement pénalisé-es par la situation actuelle et une absence d’aménagements.

Propositions des élèves

Puisqu’à priori ce confinement se poursuivra encore jusqu’aux vacances de Pâques (qui doivent rester des vacances), nous avons demandé aux élèves s’ils et elles avaient des suggestions à émettre, afin de rendre la situation la plus agréable possible pour tout le monde.. Ils et elles sont nombreux-ses (21%) à désirer recevoir des cours en vidéoconférence/en ligne ou des vidéos pré-enregistrées. D’autres aimeraient utiliser une plateforme telle que Smartschool (5%) ou créer un calendrier commun à tou-tes les enseignant·e·s (ce qui permettrait à ces dernier·ère·s de tenir compte de la charge de travail fournie par leurs collègues) et accessible à tou-te-s les élèves, tel que demandé par la circulaire (5%).

Conclusion

Le vécu des élèves n’ayant été relayé qu’aux travers des yeux qui n’étaient pas les leurs, le Comité des Élèves Francophones rappelle qu’il est important de les considérer comme partie prenante de la situation actuelle. Les constats réalisés dans notre enquête, qui n’a pas vocation à être d’une valeur scientifique, sont interpellants et le CEF attire donc l’attention des acteurs et actrices de l’enseignement sur le fait que c’est main dans la main, adultes et jeunes, que nous pourrons nous sortir de cette crise sans précédent.

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